Paris. 15 Novembre 2011. © Jean-Louis Crimon
Compagnon de bar et d'infortune. Compagnon de bar où se barre toute ta tune. Homme-oiseau qui décolle et s'envole vers ces pays d'Absurdie. Mendiant qui jamais ne mendie. Funambule fêlé de son câble. Comprimé déprimé sécable. Damoiseau paumé chez pôle emploi. Manouvrier des chantiers du futur. Roi de la biture...
Compagnon des Pierrots tristes sous la lune. Amuse-gueule des Dieux des comptoirs célestes. Etoile noire qui cherche la lumière. Etoile noire à des années-lumière. Piéton perdu des autoroutes d'insomnie. Somnambule qui déambule jusqu'au petit matin...
Petit matin. Petit Martin. Petit Martin chagrin qui chagrine d'aller au chagrin. Evadé du siècle 21. Echappé d'une toile de Chagall. Ou de Braque, ça m'est égal. Mitan de braque. Niaiseux génial. Faiseur d'embrouille. Roi de la débrouille. Couche-tard levé trop tôt. Pilier de bistrot. Infatigable parleur jamais aphone. Roi du microphone. Goûteur en carafe. Testeur du Palais. Faut en prendre de la bouteille. Au diable, les damnés du goulot...
Homme-oiseau qui confond la frasque et la fresque. Homme-tableau vivant, tu y es presque. Homme-tirelire qui sans arrêt décaisse. Pour le bonheur de ceux du tiroir-caisse. Homme-oiseau et Damoiseau. Oiseau-Lyre. Oiseau-Lyre et Roi Lear. Mais oui, Monsieur William... Shakespeare...
Sans sommeil qui n'a pas son pareil pour vous servir, l'été, à quatre heures du mat', un soleil vermeil, Passerelle des Arts, quand le ciel flamboie, et que le dernier bar nous broie... Noctambule nyctalope... C'est la vie la salope...
Martin, mon copain, mon camarade, mon alter ego, roi du tout à l'ego. Rêveur perso et solidaire. Prolo de l'usine à bière. Mousse à frimousse. Muscadet du métro Cadet. Poète dérisoire. Chanteur des rizières. Sancerre au dessert. Toujours entre être et avoir. Quelle heure peut-il être ? L'heure de l'abreuvoir...
Frangin de Rutebeuf et de Villon. De Verlaine et de Jean-Arthur. Marinier de l'Est. Déleste. The last. Ballast. Bouffon du bitume. Marcheur impénitent. Traînard goguenard. De goguette en traquenard. Baladin des deux rives. Champion des dérives. Un mot, un seul, et tu arrives...
Tu souffles, rue Soufflot. T'as le tournis, Quai de la Tournelle. Tu tournes le dos devant le tournedos. T'as la dalle et tu bectes que dalle. T'es blanc comme un linge. Arrête de faire le singe. Poire ou mirabelle. Boire de plus belle. Dans l'eau de la Seine, se mire le désespoir du mirliton qui mirlitonne sa chanson. Une blanche, rue Blanche, et je sais, c'est pas fin, une fine, Place Dauphine...
Martin, assez déconné, ce soir, c'est ma tournée, je t'offre ce vrai refrain d'une fausse chanson. Chanson à boire ou à déboire. Deux vers, patron, dont la nuit ne verra pas le fond. Deux vers qui m'ont traversé la tête, en traversant le pont. Deux vers cassés en quatre, mais on va pas s'battre:
Tu sais bien qu't' as beau
traîner de bar en bar,
Il est encore trop tôt
pour être en retard.
© Jean-Louis Crimon