© Jean-Louis Crimon
Rome. Septembre 2012.
Scène insolite. Face à face après la pluie. Deux voisins sans doute. Ils semblent se connaître. A moins qu'ils ne se croisent tout juste. Pour la première fois. Par hasard. Sur ce bout de trottoir. Ils se parlent du temps qu'il a fait. De cette journée entière de pluie. Des trombes d'eau. Pour laver la ville.
Je suis très mal placé. De l'autre côté de la rue. Je cadre d'instinct. Je prends. Au jugé. Une seule image. L'instant d'après, c'est fini. Déjà fini. La scène n'existe déjà plus. Le chien a bougé. Son maître a détourné le regard. La grande et jolie femme le salue. Elle s'en va.
Bien fait de prendre cette photo. Tout m'a semblé parfait. L'instant. Instant dérisoire. Dans la lumière du soir. Composition sublime d'un moment banal. J'adore le quotidien pour ça. Pour la beauté éphémère de l'instant. Instant de petits riens. D'une densité si forte et si fugace. Durée de vie, ici : un dixième de seconde, à peine. Equilibre fragile des formes et des couleurs. Incroyable répartition des couleurs. La mise en place. La mise en espace. La mise en scène. Juste pour moi. Passant du soir. Passant qui sait voir.
Ce qui me fascine, c'est cette immensité de gris qui encadre parfaitement l'ensemble. Dégradé de gris. Pavés de la rue. Gris bleu. Dalles du trottoir. Gris noir. Pierres d'une partie du mur. Gris clair. Panneaux du haut. Gris comme il faut. Les deux personnages presque gris aussi. Sur la portion de mur gris où ils se parlent. Semblent se fondre dans l'ensemble de gris d'un jour gris. Le petit chien blanc regarde ailleurs.
La couleur est à l'intérieur. Deux belles pièces de couleur. Pour peindre un peu de soleil dans un jour trop gris.