© Jean-Louis Crimon
C'est curieux. Dans mon jardin, les arbres ont des feuilles. Dans la ville aussi. Le long des grands boulevards. Dans les jardins publics. Dans le Square. Partout, les arbres ont des feuilles. Normal, au fond. C'est la saison. C'est quand je prends la voiture que la chose se produit. A un certain moment de la journée. Fin d'après-midi. Début de soirée. Dans le rétroviseur de droite. L'image fait soudain son apparition. L'image d'arbres sans feuilles. Des arbres en hiver dans le rétroviseur.
En plein été, ça porte malheur. Parole de garagiste. Interrogé à l'improviste. Pourtant pas très inquiétant à première vue. Bizarre quand même. Flash-back très cinématographique. Version arboricole des Oiseaux. La chose a un petit côté effrayant. Les arbres surgissent soudain dans le rétro. Sans crier gare. Toujours sur le chemin de la gare.
Message subliminal. Août, déjà, roule vers septembre. Manière de m'indiquer que le rétro n'est pas trop rétro. Il voit clair. Il va de l'avant.
Mon ophtalmo m'a conseillé de changer de verres. Il ne m'a pas pris au sérieux. La pharmacienne du coin de la rue non plus. J'ai pris la photo pour leur apporter la preuve de ce que mes yeux voient. De ce que mes yeux ont vu. Ils m'ont regardé comme des Terriens regardent un Extraterrestre.
Ma boulangère m'a rassuré. Une bonne raison. Une seule raison. La photo a été prise en hiver.
Ma boulangère n'est pas très romantique. Elle a horreur du fantastique.