Il y a des livres dont on a oublié la date et la raison de l'acquisition. Ce livre-là est de ceux-là. Pardon à son auteur qui a bien fait son travail. Pardon à son éditeur qui l'a publié au temps des francs. En plus, c'est une première édition. C'est précisé sur la couverture, juste au-dessus du nom de l'éditeur. Le titre : Ecrivain public, Un vieux métier d'avenir.
L'éditeur : Editions du Puits Fleuri. L'année de parution : 1999. L'auteur : Geneviève Madou.
L'introduction est à la fois informative et touchante. Il y a de l'humanité dès les premières lignes. Une humanité qui, sans doute, n'aurait plus sa place dans les préfaces des guides d'aujourd'hui. Les temps ont changé. Le style des écrits aussi.
Pour le plaisir, partageons, les deux premiers paragraphes de l'Intro.
"Vous avez envie de devenir écrivain public et vous vous demandez "comment faire ?" Mais vous êtes-vous demandé "pourquoi" ? Car c'est bien de la réponse à cette deuxième question, que dépend la réponse à la première. Avez-vous un amour immodéré de l'expression écrite, une boulimie de lecture ? C'est déjà bien, mais aimez-vous vos semblables ? Etes-vous toujours disposé à les aider ?
"Dans ma famille, on a toujours eu la propension à rendre service. Dans le respect de cette tradition, j'ai aidé bon nombre de voisins, amis, relations, à remplir les dossiers administratifs, à écrire des réclamations, bref, j'ai pris en charge toutes leurs "corvées de paperasse" ... à ceci près que, pour moi, il ne s'agit pas d'une corvée mais plutôt d'un plaisir, d'un exercice de style, d'une sorte de jeu d'écriture, d'un défi que je relève. Si ma façon d'écrire a changé, au fil du temps, mon goût pour la "chose écrite" est immuable depuis ma plus tendre enfance. J'adore les livres et lorsqu'un ouvrage m'a passionnée, je suis toujours triste de tourner la dernière page, j'ai l'impression de perdre un ami..."
Vous souriez, forcément, à la lecture de ces quelques lignes, et à cette forme de tendresse qui passe à travers les mots d'une préface qui doit, malgré tout, donner envie de découvrir les "Réalités de cette profession, les Compétences nécessaires, et les Cadres Juridique et Fiscal", comme précisé en gros caractères sur la couverture de ce Guide de 250 pages. Car l'ouvrage se veut aussi très technique. Dans les dernières pages, un lexique redonne des définitions de termes plutôt utiles à des étudiants en Lettres. Allitération, anaphore, antiphrase, ellipse, hyperbole, litote, métaphore, périphrase, personnification, pléonasme et prétérition, pour ne citer que ceux-là.
Des citations ponctuent les parties et les chapitres. Celle de LéonTolstoï me semble bien choisie, même si quelque peu éloignée des travaux qui seront confiés à l'Ecrivain Public.
La citation de Tolstoï, c'est : "Il ne faut écrire qu'au moment où chaque fois que tu trempes ta plume dans l'encre, un morceau de ta chair reste dans l'encrier ."
Question : que dirait Tolstoï aujourd'hui s'il écrivait ... au clavier ?