© Jean-Louis Crimon
DOIT VIVRE. Deux mots d'une affiche pour la défense d'un Quotidien moribond. Affiche placardée sur la grand porte en bois bleu. Le ciel est bleu aussi. Juste à l'entrée du RER, comme s'il prenait l'air, l'homme renaît à la chaleur du soleil d'hiver. Lui et moi, on se connaît. De vue. On se croise. On se toise. On se parle. Un peu. Pas trop. Juste ce qu'il faut. On se sourit. Sans se connaître vraiment. On est devenu des familiers. On se salue dans la rue. Un bonjour, ça mange pas de pain. Pour le pain et, sans être devin, même pour le vin, une pièce, ce n'est pas rien. La façon de donner vaut mieux que ce qu'on donne. Vieille antienne que je tiens des anciens. Chacun doit y mettre du sien. Pour le reste, ne jamais oublier de faire un geste. Le geste. On a chacun, sur sa route, sur son chemin, un plus pauvre, un plus démuni. Lui donner ne nous rend pas plus pauvre. Lui donner nous enrichit.
Lui aussi... DOIT VIVRE. Même si, sublime provocation, le foulard de pirate qui couvre sa tête, exhibe des têtes... de mort.