© Jean-Louis Crimon Chengdu. Université Normale du Sichuan. Déc 2011.
Paris au mois d'août. Trois personnes sur un banc. Une femme et deux hommes. La femme lance la discussion. C'est assez inattendu. Parfois presque beau. Entre Beckett et Queneau. A donner envie de relire En attendant Godot et Zazie dans le métro.
- Une conversation, c'est comme une partie de ping-pong, si personne ne renvoie la balle...
- La conversation sur le temps qu'il fait, le temps qui passe, le temps passé... trop peu pour moi !
- La discussion, c'est autre chose...
- Pour moi, c'est la même chose !
- Pas du tout, la discussion, c'est examiner des points de vue, des opinions...
- Ce ne serait pas plutôt opposer des arguments, sur un sujet donné, sur une question...
- C'est plutôt, pour moi, étudier, peser des arguments...
- De la discussion jaillit la lumière...
- Sauf quand ce sont des échanges à batons rompus...
- Quand on passe du coq-à-l'âne...
- Pas facile de converser avec vous, mes amis !
- La conversation, c'est ça, ça ne se discute pas !
Retour au point de départ. Vraiment curieux. On tourne en rond. Trois monologues. Trois convictions. Pas facile pour eux trois de s'entendre. Pas facile déjà de s'écouter. La femme reprend son idée de départ:
- Une conversation, c'est une partie de ping-pong : si personne ne renvoie la balle, on risque de s'ennuyer...
Je m'éloigne du banc des débats. J'en sais assez. Je laisse à leurs échanges égoïstes ces curieux pongistes. Je repense à une vraie petite balle orange qui, ailleurs, ponctue vraiment les heures de conversation. En cours de français.