© Jean-Louis Crimon
Les soirs d'été, le vent caresse la Seine. Il se couche sur elle. Souffle chaud et lourd comme une respiration d'amour. Des vaguelettes dessinent des poissons d'or et d'argent. Je lance mes gaules. A tout hasard. Chaque soir, je rentre bredouille.
L'écrivain est un pêcheur à la ligne. Assis au bord du fleuve. Impassible, il rêve un poème impossible. D'avance, il sait que ça va échouer. Histoire d'hameçons. Hameçons. Ames sont. Où est l'âme qui hameçonne ? Dans la cloche de Notre-Dame qui sonne ? Solitaire coureur de fond. L'âme du poète devient lame de fond.
Pas d'inspiration au bord du fleuve. Pas d'inspiration fleuve. L'idée demeure au bord. Pas à bord. Pas en barque. Là où l'on embarque. En bordure. Là où ça perdure. Chanson en cale sèche. Là où ça pèche. Pas là où ça pêche. Problème d'accent. Question de style. Métaphore subtile.
Pêcheur à la ligne à l'affût d'un signe. Circonflexe, aigu ou grave, pas très grave. Faute bénigne. Même si, côté sens, différence... immense.