© Jean-Louis Crimon Paris. Quai de la Tournelle.
Ces derniers jours, on a pu reprocher au bouquiniste de se prendre pour un éditorialiste. C'est oublier bien vite que le bouquiniste est aussi un citoyen. Un citoyen qui écoute et qui pense. Qui réfléchit. Qui écoute les conversations de l'arrêt de bus, ou du bout du quai. Qui écoute la radio. Qui prend part aux discussions du comptoir comme aux discours du bistrot. Un citoyen qui lit. Les journaux, les gratuits ou les payants, même si ça n'est pas toujours payant. Les livres, les romans. Qui regarde, - très rarement -, la télévision. Un citoyen qui peut avoir des idées et même des opinions. Oussia et doxa, comme disait Platon. Le bouquiniste, pour être Sisyphe bitumé, condamné au quai, n'en est pas pour autant à la rue, en ce qui concerne les questions d'actu. D'ailleurs, pour le meilleur, un billet d'humeur, vu du quai, serait providentiel pour décrypter les rituels du rendez-vous présidentiel. Qu'on en soit ou non au départ convaincu, ça donnerait un peu d'air aux éditos convenus des grandes avenues des grands journaux ou des grandes radios. Vous vous dites, je le sens bien, des bouquinistes comme ça, y'en a pas des masses, oui mais je vous réponds : le bouquiniste n'est pas un citoyen à la ramasse.
Du coup, en faisant du rangement, je suis tombé aujourd'hui sur des anciens numéros du "Parapet", le journal des bouquinistes des années 2003-2005. Beau moment de rêverie. C'était bien écrit. Bien documenté. Un amour de petit canard. Un vrai journal. Un papier double-page m'a fait gamberger une bonne partie de l'après-midi. Son titre : "Le festival des bouquinistes du Saint-Laurent ". Oui, absolument. Des bouquinistes Québécois. De quoi vous laisser coi ! Je me suis pris à rêvasser à ... je ne sais quoi ... Une édition 2012 qui prendrait la mer ... et l'océan ... Un partenariat ... De la Seine au Saint-Laurent ... De Saint-Malo et de Jacques Cartier à Québec et à Montréal ... En passant par Copenhague, Stockholm, Oslo, Helsinki ... Rome et Florence... Saint-Péterbourg et Moscou, ... Ulan-Bator et Pékin ... Pourquoi pas ? et alors, des bouquinistes, inventer ... l'Internationale !