© Jean-Louis Crimon
Insolite toujours. L'instant d'avant, il n'y a rien. Ce n'est rien. Juste une boutique fermée. Un panneau sens interdit. Des travaux devant la boutique. De curieuses planches jaunâtres. Posées sur la terre de la tranchée tout juste rebouchée. Pour éviter aux passants de mettre les pieds dans la boue les jours de pluie. Juxtaposition d'éléments disparates. Paysage urbain. Banal. Eléments de barrière en panneaux verts et ardoise. Porte cochère fermée. Rideau métallique fermé. Fenêtres fermées. Sens interdit. Avenir bouché. Comme le ciel. Les planches font un curieux clavier de bois. Clavier muet. Note tout en silence. Note qui dénote. Paroles absentes. Paroles sans musique.
Un homme aux cheveux longs traverse soudain le passage. Pantalon gris et blouson de cuir. Il est le personnage qui faisait défaut. L'élément humain qu'il me faut. Sans trop attendre. Faut tôt. Photo. Tout se met en place. C'est Mozart qui passe. Ou Vivaldi. Le jeune homme devient musicien italien. Cet endroit du quai de la Tournelle, un coin d'Italie. La petite boutique mérite sa musique. Avanti la musica. La photo chante. La photo m'enchante. Il y a de la chanson dans l'air.
Le tout s'est joué en moins de trente secondes. La photo, c'est souvent un cadeau. Le photographe, un musicien. Musicien de la lumière. Des sons et des couleurs. Sans en avoir l'air. Faut juste que ça sonne juste.