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22 novembre 2024 5 22 /11 /novembre /2024 08:57
Contay. Le cimetière des Catholiques. Mai 2014. © Jean-Louis Crimon et Judith Förstel.
Contay. Le cimetière des Catholiques. Mai 2014. © Jean-Louis Crimon et Judith Förstel.

Contay. Le cimetière des Catholiques. Mai 2014. © Jean-Louis Crimon et Judith Förstel.

Quand on quitte Contay par la Départementale 23, tout en haut de la petite côte dite de Franvillers, sur la gauche, se trouve un petit chemin qui conduit au cimetière des Protestants. Quelques mètres plus haut mais cette fois à droite, c'est le cimetière des Catholiques. Enfant et surtout enfant de choeur, je me suis toujours interdit de lire dans la répartition géographique des espaces accordés aux morts, un choix politique. Quoique...

Au-delà de l'Hallue, la rivière qui traverse le village, le cimetière des catholiques actuel fut créé en 1842, en dépit de l'attachement des paroissiens à l'ancien cimetière qui s'étendait tout autour de l'église. Ce cimetière des Catholiques  se caractérise, en son milieu, par une grande croix aux deux Christ, croix en fonte dite "à deux faces" qui porte le cachet de Vanpoulle de Cambrai. L'emplacement du cimetière, nettement en dehors du village, correspond aux préoccupations de l'époque en matière de salubrité publique, l'ancien cimetière, qui s'étendait autour de l'église, ayant été jugé, dans un rapport de 1813, trop humide, par le médecin des épidémies. Le cimetière catholique actuel fut agrandi en 1861, sous Napoléon III. L'une des tombes porte la signature d'un dénommé Lechien, marbrier à Albert.

En contrebas du cimetière, à une cinquantaine de mètres, il y a la Buttresse, la source du village. Son emplacement, le lieu précis où l'eau jaillit d'un petit talus boisé, me laissait perplexe. Si sous le Roi Louis-Philppe Ier, pour des raisons d'hygiène et de salubrité publique, on avait pris la décision d'éloigner le monde des morts du monde des vivants, en décidant de créer un nouveau cimetière, je me demandais comment les gens du village pouvaient boire sans inquiétude particulière une eau qui manifestement, avant de jaillir en source, traversait souterrainement le cimetière. On buvait l'eau des morts, pensais-je en moi-même. Moins mortelle sans doute que l'eau de vie, que l'instituteur, dans la leçon de morale quotidienne, écrite à la craie blanche au tableau noir, nous avait un beau jour fait promettre de ne jamais boire. Eau de vie = eau de mort, affirmait la morale de l'Ecole publique. Dans ma tête d'enfant de 7 ans, je m'étais gravé : eau des morts, eau de vie encore.

 

© Jean-Louis Crimon

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