Cette année-là, je présente le journal de 7 heures de France Culture. Premier journal de la matinale. Ivan Levaï assure la revue de presse de France Musique. On est voisins. On est confrères. Mieux : on est frères. On se croise chaque matin. Ivan et sa revue de presse, j'adore. La voix, le ton, le style. L'homme. Chaleureux et fraternel. Inimitable dans sa façon de traduire en mots de radio les articles et les reportages de la presse écrite. Avec ce qu'il faut d'ironie, parfois, ou d'humour, souvent, pour parcourir les journaux du matin. Leur lot de malheurs du monde et de petits bonheurs des petites gens. A côté d'Ivan, je me sens tout petit. C'est lui qui m'a permis de devenir un peu plus grand. Choisi par Ivan, adoubé par Levaï, - Directeur de l'information de Radio France -, pour être ESP à Copenhague, Envoyé Spécial Permanent, avec la mission de donner voix à ces petits pays vus de Paris, pays Scandinaves et pays Baltes, grands pays par leur sens et leur goût de la démocratie. 1992-1995, vaille que vaille, mes belles années de grands reportages, grâce à Levaï. Le retrouver à France Culture et sur France Musique est beaucoup plus qu'un clin d'oeil du destin. Fraternelle fidélité professionnelle.
Je me souviens du jour où pour clore une discussion avec un confrère pointilleux sur l'art et la manière de faire une revue de presse, j'ai détourné le slogan d'une célèbre moutarde pour affirmer à haute voix : "Il n'y a que Levaï qui m'aille."
Ivan ne l'a sans doute jamais su. Je ne me souviens pas le lui avoir dit. Peut-être que j'aurais dû.
© Jean-Louis Crimon
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