Un jour, j'ai pris une photo d'un cageot, abandonné sur une eau stagnante au bord d'un trottoir. Francis Ponge a écrit le cageot, et moi je l'ai photographié, mais sans savoir que Ponge l'avait poétisé. Rencontre étonnante d'une photo et d'un poème.
© Jean-Louis Crimon
"A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie.
Agencé de façon qu'au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu'il enferme.
A tous les coins de rues qui aboutissant aux halles il luit alors de l'éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légérement ahuri d'être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathique - sur le sort duquel il convient toutefois de ne s'appesantir longuement." Francis PONGE.