La question de départ pourrait être : n'ayant jamais cru au rôle messianique du prolétariat, pourquoi nous faudrait-il croire au rôle messianique du marché ? Cessons de nous voiler la face et de nous payer de mots. Le libre marché n'a de libre que le nom. Le marché, la seule loi du marché, est un marché de dupes. La "concurrence libre et non faussée" est faussée dès le départ : sans adéquation des fiscalités nationales, sans rééquilibrage des prix de revient des produits et des productions, sans obligation de charges sociales et salariales identiques, sans égalité devant l'impôt, des personnes comme des entreprises, sans réglementation une et unique, sans règle acceptée et respectée par tous, la "concurrence libre et non faussée" est une vaste blague, une fumisterie, une naïveté déconcertante, pour ne pas dire une erreur monumentale, parce que personnes, peuples ou Etats, elle affaiblit les forts sans fortifier les faibles.
Il faut oser dire : "Non, ça suffit !" Nous rêvions d'une autre Europe et nous devons à nos enfants une autre Europe.
© Jean-Louis Crimon