- Ton p'tit appareil, mets-le sur "temps gris et ciel de pluie !"
Boutade fraternelle du "grand Bernard" qui adore stigmatiser, à chacun de ses passages devant mes boîtes, une pratique photographique qu'il juge excessive, sinon intempestive. Au début du quai de la Tournelle, si on le prend par le Pont de la Tournelle, juste en face de La Tour d'Argent, pratiquement côte à côte, il y a deux bouquinistes qui se prénomment Bernard. On les définit par leur taille. Il y a donc le grand Bernard et le petit Bernard. L'homme au chapeau noir. Le grand Bernard est plutôt Sciences Humaines et Maspéro. Le petit Bernard, plutôt polar et San-Antonio. Mais grand Bernard ou petit Bernard, aucun des deux n'a vocation à être un Saint-Bernard. En chemin pour rejoindre ses boîtes, juste en face de La Tour d'Argent, le grand Bernard a l'humour invariable. Pas comme le temps.
- Ton p'tit appareil, mets-le sur "temps gris et ciel de pluie !"
- C'est pas un baromètre, c'est un numérique !
- Je sais, mais t'as vu l'temps !
- Tu sais, Bernard, pour la photo, c'est pas le temps qui est important, c'est l'instant. L'instant décisif, comme disait HCB, Henri Cartier-Bresson.
- Ouais, mais bon, c'est pas un temps à faire de la photo !
Le grand Bernard n'en démord pas. Ce n'est pas un temps à photos. Certitude bien en main, à grands pas, il poursuit son chemin et, logique, sa méditation météorologique. Moi, beau temps ou mauvais temps, je poursuis ma capture des instants. Chacun son passe-temps.
© Jean-Louis Crimon
La capture des instants. (Juillet 2011).