Pas un jour où un passant attachant, une passante touchante, un touriste artiste, ou simplement curieux, ne pose la question de la naissance de cette tradition : ça remonte à quand ?
Pour répondre, l'ouvrage de Jacques Hillairet "L'île de la Cité", (Les éditions de Minuit, 1970) est un bon point de départ. Page 88, après un joli passage sur la naissance du Pont Neuf et la création de la Place Dauphine, l'auteur mentionne la présence d'une petite trentaine de "bouquinistes" et souligne les rapports déjà tendus à l'époque entre ces premiers libraires "de plein air" et les libraires "en dur".
"En 1619, il y avait déjà ici vingt-neuf bouquinistes, que les libraires, jaloux de leur négoce, firent déguerpir en 1650, 1686, et 1742. En 1675, on installa des boutiques sur les demi-lunes situées au-dessus des avant-becs des piles, emplacements où l'on avait envisagé d'ériger sur des piédestaux les statues des plus illustres rois. Supprimées en 1756, elles furent remplacées, en 1775, par des pavillons en pierre, couverts de voûtes en demi-coupole, oeuvre de Soufflot. Au nombre de vingt, ils furent loués au profit de l'académie de Saint-Luc (peintres et sculpteurs) au prix annuel de 600 livres pour ceux du trottoir Est et de 1200 livres pour ceux du trottoir Ouest, le plus fréquenté. Ces pavillons devenus en 1807 la propriété des Hospices, devaient disparaître lors de la réparation du pont en 1848-1855."
On aimerait en savoir davantage. C'est juste un point de départ. Une piste à creuser. Un roman à écrire.
© Jean-Louis Crimon
En 1619, déjà... (Août 2011).