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4 août 2023 5 04 /08 /août /2023 08:57
Paris. Quai de la Tounelle. Avril 2011. © Jean-Louis Crimon 

Paris. Quai de la Tounelle. Avril 2011. © Jean-Louis Crimon 

Elles sont arrivées sans crier gare. Se sont scotchées devant mes vieux journaux. Mes vieux journaux étendus avec des pinces à linge sur un fil, dans le haut de mes boîtes, sous les auvents. Un  fil à linge où sèche la presse du temps passé. "Pélerin" des années 30, "Journal du Dimanche" de l'année 1863, exemplaires du "Voleur" des années 80. 1880. Elles semblaient fascinées. Je les ai laissées de longues minutes savourer leur passion. Puis, n'y pouvant plus, j'ai risqué une question: pourquoi cet intérêt manifeste ? La première a dit : "Je suis étudiante  à la Sorbonne. En Lettres Médias Com' . J'aimerais un jour être journaliste. Voir, en vrai, ces vieux journaux, dont on nous parle en cours, c'est fascinant."

La seconde a ajouté: "Moi, non, je n'envisage pas ce métier. Je veux être kiné, mais j'adore l'odeur et la texture du vieux papier. Elle fait mine de respirer l'odeur avec le nez. Touche un livre imaginaire avec le bout des doigts. Puis ajoute: "Chez mes parents, quand j'ouvrais un livre ancien, c'était d'abord pour le sentir, le respirer, avant de le lire."

 

Filles merveilleuses, toutes deux originaires de Charleville. La ville de Jean-Arthur. Forcément, on a parlé de Rimbaud. De sa maison. Sa maison devenue Musée. De sa tombe, au cimetière. De ce célèbre "On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans" et de ce poème où Arthur raille les notaires ou les banquiers. C'était drôle. Les deux amies riaient à gorge déployée. Puis vint l'aveu. En forme d'incroyable regret : "Nous, au Collège ou au Lycée, ce n'est pas Rimbaud que les profs nous faisaient étudier, c'est Baudelaire."

Les Fleurs du Mal, c'est vrai, ce n'est pas mal non plus, mais passer à côté de la maison de la famille Rimbe et d'une balade dans cette Charleville où ont dû déambuler, certains soirs de désespoir, Jean-Arthur et sa gloire future, c'est dommage. C'est à pied que parfois se redécouvre la littérature.

Mettre ses pas dans les pas de celui qui un jour a écrit La Lettre du Voyant, moi, je ne m'en priverai pas.

 

© Jean-Louis Crimon 

Nous, à Charleville, on étudiait Baudelaire. (3 Juillet 2011).

 

E

Merci à vous d'avoir partagé ce moment avec nous. Après avoir cherché dans mes affaires, j'ai retrouvé le poème dans lequel il parle des "gros bureaux bouffis", il s'agit du poème "A la musique..." , mon préféré je crois.. J'ai également après avoir fouillé dans mes pensées, retrouvé la citation sur Charleville, en réalité il s'agit d'un extrait d'une lettre qu'il avait adressé à Georges Izambard: "Vous êtes heureux, vous, de ne plus habiter Charleville ! Ma ville natale est supérieurement idiote entre les petites villes de province. Sur cela, voyez-vous, je n'ai plus d'illusions."
Le poème, tout comme l'extrait de la lettre, malgré les années passées, sont plus que jamais encore d'actualité. Malheureusement.

Encore merci pour cette belle rencontre et pour cet article.
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