Quand j'y pense, je me demande vraiment pourquoi tu as voulu un beau jour être président. Président de la République. Président de la République française. Je relis certains passages de "Révolution", ce livre d'un jeune quadra prêt à tout pour changer son pays et la vie des gens de son pays, et je comprends mieux comment beaucoup de ceux qui, avec toi, se sont mis "En Marche" ont pu te prendre pour le John Kennedy français. La jeunesse, la fougue, l'enthousiasme juvénile, la hardiesse et un rien de narcissisme. D'abord, créer le nom d'un mouvement politique à partir de ses initiales, franchement, fallait oser. E.M. Emmanuel Macron, est devenu "En Marche" et ça marche. Enfin, ça a marché.
Je m'étonne de ta sortie sur la traîtrise dont on a pu t'accuser. Traîtres, tes transfuges le sont tous, à commencer par ta Première, Dame Borne, ensuite Gabriel Attal, Olivier Dussopt, Stanislas Guerini, Olivier Véran et les autres, tous ceux qui ont quitté et renié leur famille d'origine, le Parti socialiste. Sans oublier Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Edouard Philippe qui, eux, ont "trahi" Les Républicains. Alors, côté traîtrise... quoiqu'on en dise... ce n'est pas partie remise. Tous prêts à trahir jusqu'à leur chemise.
Je te relis, page 29 : "Je dirai un mot du grand air de la trahison qu'on a chanté contre moi, un mot, pas davantage. Ce qui le sous-tend me paraît révélateur de la crise morale de la politique contemporaine. Car lorsqu'on dit que j'aurais dû obéir au président comme une machine, renoncer à mes idées, enchaîner à son destin la réalisation de ce que je crois juste, simplement parce qu'il m'avait nommé ministre, que dit-on ? Que l'idée du bien public doit s'effacer devant celle du service rendu. J'ai été frappé de voir avec quelle ingénuité ceux qui voulaient m'accabler ont ainsi avoué que pour eux la politique obéissait au fond à la règle du milieu : de la soumission dans l'espoir d'une récompense personnelle."
De Benalla à tes dernières nominations, franchement, qu'as-tu fait d'autre ? Crise morale de la politique contemporaine, disais-tu ? Six ans plus tard, quel changement en effet !
La "traîtrise" qui me fait le plus de peine, vois-tu, aujourd'hui, c'est que tout au long du chemin, tu te trahis toi-même. Même ton idée de retraite par points, un temps brandie, tu l'as trahie.
© Jean-Louis Crimon