Te voyant casqué sur le chantier de Notre-Dame, j'ai cru un instant que tu allais suivre mon conseil d'aller sur le terrain te faire embaucher comme manoeuvre pour vraiment comprendre ce que c'est que le travail manuel. Mais ta tenue et ta gestuelle d'inspecteur des travaux finis m'ont vite ramené à la raison et à la réalité. Tu venais juste mesurer la progression des réparations en cours. Tu as, bien sûr, à ton habitude, profité de ta sortie du Palais pour balancer ta petite punchline :
"Tenir le cap, c'est ma devise !"
Plus tard, en début de soirée, le Conseil constitutionnel a annoncé avoir valider le recul de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Décision des Sages pas forcément très sage. Dire le droit, dire la conformité de la loi à la Constitution, c'était le rôle des prétendus Sages. En leur âme et conscience, pas sûr, mais en tout cas en conformité avec leur conception du Droit, ils ont estimé que cette loi était conforme.
Le Conseil constitutionnel valide donc l'essentiel, tout en rejetant la demande de référendum partagé. Ils ont dit : le texte va dans le bon sens de l'intérêt général. Tu parles !
Les macronistes ont dit : le texte a terminé son parcours démocratique. Ni vainqueur, ni vaincus, a conclu Dame première. Tu parles !
Toi, l'insomniaque maniaque, toi, le monarque qui tient à imposer sa marque, qui n'a tenu compte d'aucune remarque, tu as promulgué nuitamment, à 3 heures 28, cette loi si contestée, publiée dans la foulée au Journal officiel. Fin provisoire de l'histoire. Mais oui, la France est une grande démocratie.
© Jean-Louis Crimon