Je ne l'ai vu qu'une seule fois se poser juste au milieu du gazon du jardin. Fin de matinée du premier jour de l'été. Beau symbole. Bon signe. Signe qu'il tenait à faire ma connaissance. Tout le peuple des oiseaux avait dû lui dire depuis longtemps que l'endroit était agréable, qu'on pouvait facilement y trouver gîte et couvert, et surtout graines de tournesol en hiver.
Sauf que, grave lacune, pas la moindre graine de fleur de chardon à l'horizon. Pas une. Déception. Trahison. Ni une, ni deux, il s'en est allé comme il était venu. A l'improviste. Sans crier gare. Il n'est jamais revenu. Cette année, puisqu'il y a chardon dans chardonneret, je me dis que je pourrais peut-être réserver un endroit du jardin pour y semer de quoi attirer et nourrir l'élégant au plumage flamboyant.
© Jean-Louis Crimon
(Petits poèmes pour Gaia, Mya et Enzo)