Sur la photo, Léo et moi, on sourit d'un même beau sourire, sans dire le moindre mot. Si jolie photo. Photo signée Pascale Lavergne ou Philippe Callot. Je ne sais plus. Je me souviens seulement qu'ils étaient présents tous les deux pour ce grand moment. L'interview vient tout juste de se terminer. Léo a été charmant, charmeur et charmant. Centre de nos regards, la rééditon de son recueil "Poète, vos papiers !" et sa couverture orange.
Une Préface qui percute. Qui uppercute. Ferré boxe les mots et les idées. Chaque phrase est punchline. "La poésie contemporaine ne chante plus. Elle rampe." Mais aussi "A l'école de la poésie, on n'apprend pas : on se bat !" et puis surtout " Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s'ils ont leur compte de pieds, ne sont pas des poètes : ce sont des dactylographes !" Publié pour la première fois à La Table Ronde en Décembre 1956. Dépot légal du 1er trimestre 1957. Imprimerie Sévin-Dessaint, à Doullens, Somme. Doullens, Somme, Picardie. Déjà un signe.
Ferré, mon idole depuis mes 14 ans. Celui qui est pour moi le plus grand chanteur de tous les temps. Même si "chanteur" semble être un mot bien dérisoire pour un tel homme. Impuissant à dire l'immensité du talent de cet-homme-là.
© Jean-Louis Crimon