Je suis le plus petit des enfants de choeur, le plus jeune, le plus rêveur. La messe en latin, les prières chantées, le son de l'harmonium, le moment de la communion, font un grand théâtre et j'en suis l'un des acteurs. Pas le plus important, mais aux premières loges. La Tante Laure l'a voulu ainsi. Le jour de mes 7 ans, elle est allée trouver Monsieur le curé pour lui dire que je pouvais servir la messe.
Sur la photo, je suis devant l'Evêque, reconnaissable à la mitre qu'il porte sur la tête. J'ai le regard attiré par quelque chose qui se passe hors champ, hors cadre. Comme mon alter ego, de l'autre côté de la grande croix que porte celui qui est le plus grand de nous trois. Des fidèles en marche vers l'autel. Tout en remplissant parfaitement le rôle qui leur incombe, les enfants de choeur se laissent parfois distraire.
Curieux, - observation jamais faite jusqu'à aujourd'hui -, de nous trois, je suis le seul dont on ne voit pas la croix. Cachée sans doute sous mes bras... croisés.
© Jean-Louis Crimon