"Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage..."
Le bel adage. Art poétique. Boileau. Cette fois, me faut m'y remettre à nouveau. Tout reprendre. Tout reprendre depuis le début. Sans jamais oublier "Souvent effacez..." et "Polissez-le sans cesse et le repolissez". Choix cruel, pour ne ne pas dire cornélien. "Polissez-le et le repolissez", le morceau de phrase ou le vers, les mots, à l'endroit, à l'envers, reprendre l'histoire, une simple histoire humaine dans la traversée du temps, d'un temps, tant qu'il est temps. D'un temps qui m'a été donné. Un temps qu'enfant j'ai longtemps cru infini. Un temps fini. Mais d'abord relire Boileau. Bien se le mettre en tête. Avant de plonger dans la dernière ligne droite. Droite, pas si sûr, la beauté des chemins de traverse toujours l'emportera sur l'esthétique rectiligne de l'autoroute. L'écriture sinueuse supérieure à tout jamais.
Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage
Polissez-le sans cesse et le repolissez;
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.
© Jean-Louis Crimon