Cher urbain des bois,
A nouveau, tu t'interroges sur la raison d'être de ces fenêtres closes, obturées - c'est pas peut-être - pour échapper à l'impôt foncier ou aux taxes locales. Beaux rangs réguliers de briques élégamment jointoyées. Joints de ciment clair à l'unisson du mur tout entier. Tu te demandes bien qui, de quel siècle, de quel millénaire, de quel gouvernement, déclarera un beau jour l'obligatoire réouverture des fenêtres murées ? Ce jour-là, celui-là, oui, tu voteras pour lui. Pour en finir avec cette ville absurde où les maisons aux façades borgnes dessinent un univers à l'envers, BD géante aux pages béton et bitume où les yeux des fenêtres s'inventent des paupières en dur.
Robin des bois des villes, militant de l'ouverture, aux armes, citoyen, citoyenne, ouvrons grand les persiennes, défenestrons les fenêtres aveugles. Jetons par la fenêtre ces fenêtres de briques, mais pas de broc. Fêtons le retour irrémédiable de la lumineuse lumière.
© Jean-Louis Crimon