Cher grand-père inconnu,
J'aimerais te raconter
comment, un été,
toute notre famille
part en vacances
près du village de naissance
de ma mère,
ta fille,
comment nous avons arpenté pendant de longues heures
et pendant plusieurs jours,
les allées des cimetières de Joudreville, de Piennes et de Bouligny,
et même de Nancy,
à la recherche d'une tombe
et d'un nom,
Zanda,
ton nom, Zanda, gravé dans la pierre, entre deux dates,
celle de ta naissance et celle de ta mort
1896 et 1928,
mais à chaque fois,
à chaque grille de cimetière refermée,
mal aux jambes, mal aux pieds, à marcher dans les graviers des allées,
mal aux yeux d'avoir chercher à déchiffrer les lettres des dalles de marbre gris ou noir
et surtout mal au coeur de désespoir
face aux longues pierres tombales muettes
recherches à chaque fois désespérément vaines
qui finissent en grosses larmes de peine,
coulant sur les joues de ma mère.
© Jean-Louis Crimon