Ce jour-là, tu remontes du vieux quartier Saint-Leu en traversant le Parc de l'Evéché, désormais Parc de l'éméché, tant le buveur excessif des terrasses en contrebas a pris l'habitude d'y venir soigner son hoquet et parfois son foie.
Tu marches vers l'hiver et tu as la tête à l'envers. Tu rêves de printemps. Une hirondelle ne fait pas le printemps. Une coccinelle, si. Ça t'amuse, ce ciel qui ruse avec la lumière du soir. Bête à Bon Dieu dans le jardin de l'Evêché. Faut-il y voir un signe ? Clin d'œil d'un pèlerin malicieux. Il y a cieux dans malicieux.
Tu connais la légende. Au Moyen Âge, un homme accusé d'un crime qu'il n'a pas commis doit être décapité. Mais lorsqu'il pose la tête sur le billot, une coccinelle se pose sur son cou. Le bourreau tente de l'éloigner mais la coccinelle revient obstinément se poser sur le cou qui doit être coupé. C'est alors que le roi, Robert II le Pieux, y voit une intervention divine et décide de gracier l'homme. Ce jour-là est née l'expression « beste de bon Dieu ».
La coccinelle consacrée "porte-bonheur". Qu'il ne faut surtout pas écraser. Le vrai meurtrier, lui, aurait été finalement retrouvé quelques jours plus tard.
© Jean-Louis Crimon