Très tôt, dans la photo, c'est le mimétisme urbain qui m'est apparu fascinant. Une affiche sur un mur et, à quelques mètres, un homme qui progresse à grands pas sur le trottoir. L'homme est le double vivant du travailleur de l'affiche. Ne manque que le marteau-piqueur. Même couvre-chef, même grand manteau noir, même allure, la photo s'impose. Il faut juste être dans le rythme, dans le mouvement, ne pas être à contre-temps. C'est fascinant de saisir le mouvement en arrêtant le mouvement. Mais dans le bon tempo.
Au temps de l'argentique, il faut attendre d'avoir développé le film, - révélateur, rinçage, fixateur, nouveau rinçage, puis séchage - pour savoir si la prise de vue est réussie. Photo unique souvent, car avec un rouleau de 24 ou 36 vues, on se doit d'ête économe. Rien à voir avec la profusion folle des images faites avec un numérique. Sans oublier cette facilité déconcertante, banale aujourd'hui, pouvoir voir dans le même instant la photo prise dans l'instant. Réussie, on la garde, on la sauvegarde, ratée, on la jette, on l'efface. Magie inimaginable quarante ans plus tôt.
© Jean-Louis Crimon