Je dois cette découverte au premier confinement. Interdit de rue, de cafés, de bistrots, de rencontres impromptues, de palabres sur le trottoir, d'amis, de camarades, d'embrassades, d'accolades, j'ai tourné le dos aux deux grandes fenêtres de la façade côté rue et je me suis installé dans la véranda, côté jardin. Je croyais bien, comme tout bon citadin, voir tout au plus passer une flopée de moineaux, un merle ou deux, voire une pie, mais je ne soupçonnais pas la richesse de 150 m2 de verdure avec un arbre, quelques arbustes, une plate-bande savemment négligée, sans oublier le petit tas de compost. Un coin de paradis en pleine ville. Une vraie volière naturelle. Paradoxe : dans la véranda, c'est l'homme qui est comme en cage et l'oiseau, lui, en toute liberté, lui concède un regard goguenard.
Fascinante découverte. Essentielle. Vitale. Avec ou sans carte. J'adhère au Parti des oiseaux. Leitmotiv de chaque matin: apprendre de toute urgence le nom de chaque oiseau, pour ne jamais oublier que les oiseaux existent.
A la prochaine présidentielle, sûr, je vote... rouge-gorge.
© Jean-Louis Crimon