Amiens. Le Courrier Picard. 20 Mai 1980. Page 30. © Jean-Louis Crimon
Être au Québec fin Mai de cette année-là, en stage d'étude sur "Le rôle de la chanson dans l'identité québécoise", c'est un véritable clin d'oeil du destin. Forcément, avant de m'envoler pour Montréal, je pousse la porte du bureau du rédacteur en chef pour lui proposer au moins deux ou trois articles sur le référendum historique, un avant-papier, avec les enjeux et la répartition des forces en présence, et un papier bilan, une fois connus les résultats définitifs. Pierre Rouanet m'accueille à bras ouverts et me donne quelques conseils. Logique : qu'un journaliste de locale habitué à la petite actualité se transforme en grand reporter envoyé spécial sur un évènement à possibles répercussions mondiales, mérite un petit briefing particulier.
Ma bonne connaissance de la chanson québécoise, du rôle joué par les Félix Leclerc, Gilles Vigneault, Raymond Lévesque, Pauline Julien, Raoul Duguay, Sylvain Lelièvre, l'importance de ceux qu'on appelle au Québec, non pas des chanteurs, comme en France, mais des chansonniers, ma perception de la dimension culturelle dans la formation de cette identité québécoise, ont sans doute impressionné Pierre Rouanet. Celui qui vient tout juste de publier " Les trois derniers chagrins du Général de Gaulle" a bien sûr en mémoire le grandiose "Vive le Québec libre !" Balcon de l'Hôtel de ville de Montréal. Lundi 24 Juillet 1967. Enorme incident politique entre le Canada et la France.
– Banco, je compte sur vous. Tenez compte du décalage horaire quand vous appelerez au journal et demandez à dicter à la Sténo de presse de permanence.
Parole donnée, parole tenue. Paraît que mes deux papiers avaient de la tenue et surtout du contenu. A mon retour au journal, mes collègues me chambrèrent un peu en me surnommant un temps "le Québécois". Il n'y avait vraiment pas de quoi. Mais ça ne me déplaisait pas.
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