Première parution dans Le Courrier Picard, trois ans avant d'en devenir l'un de ses journalistes. Novembre 1976. Au milieu des années 70, avec Laurent Delabie, dit Devisme, Robert Landard, Marc Monsigny, nous étions quelques uns à vouloir faire revivre la langue picarde. Trouvères d'un siècle XX ou vain, pour dire aux troubadours Claude Marti, Patric, Joan-Pau Verdier, que la langue d'oïl était aussi belle que la langue d'oc. Méritait elle aussi d'être chantée. Même si nous avons dû surtout déchanter. Aujourd'hui, seul Marc Monsigny, fidèle à lui-même et à notre pacte ancien, persiste et signe, avec talent, cette volonté de faire vivre une certaine chanson picarde.
Min Poéyis, mon premier poème en picard, publié dans Le Courrier Picard, au fond, mon plus beau titre de gloire.
Avu d'el pleuve qu'all' n'in finit point d'tcherre Avec de la pluie qui n'en finit pas de tomber
Et pis éne vielle ramonchlée à ch'coin d'sin fu Et puis une vieille recroquevillée au coin de son feu
Qui conte pis qui raconte s'n'histoère Qui conte et raconte son histoire
Avu des mots qu'o n'coprind mi pus... Avec des mots qu'on ne comprend même plus...
Mots d'une langue picarde que ma Tante Laure de Contay parlait parfaitement première langue. Bien sûr, comme dans la chanson, je vous parle d'un temps que les moins de... 60 ans, ne peuvent pas connaître. La belle enfance est passée par la fenêtre.
© Jean-Louis Crimon