Amiens. Courrier Picard. 19 avril 1979. Rapport d'inspection. 15 Mars 1978. © Jean-Louis Crimon
Je ne sais plus précisément comment je suis devenu correspondant de quartier pour Le Courrier, Le Courrier Picard. Quelqu'un avait dû me dire que le journal essayait d'étoffer sa rédaction et surtout sa couverture de l'actualité de la ville, en engageant des pigistes, des rédacteurs payés à la pige, traduisez "à la ligne" ou "à l'article". Suffisait de proposer des sujets au Chef de la Locale, la rédaction chargée d'Amiens-ville. A cette époque, je suis professeur de philosophie à la Cité scolaire et j'enseigne en Terminale A, B, C et D. J'en suis à ma seconde année d'enseignement et je suis plutôt bon prof. J'ai été inspecté en mars 78 et le rapport rédigé par l'Inspecteur Régional de Philosophie, Georges Laforest, m'a vraiment donné confiance. " L'enseignement de ce jeune professeur, qui n'en est qu'à ses débuts, m'est apparu extrêmement solide et sérieux, et c'est pourquoi je lui adresse mes encouragements." La note pédagogique qui m'avait été attribuée sidéra mes collègues qui enseignaient, eux, la philosophie, depuis 8 ou 10 ans, et plafonnaient à 11 ou 12. Dans le petit rectangle prévu pour la note, juste en bas de son rapport d'inspection, Georges Laforest avait écrit: 14.
"Rue du Bout du Monde, une rue d'un autre temps" fut le titre de mon premier papier de correspondant du quartier Montières-Etouvie. J'y parlais de la dure vie des habitants qui n'avaient pas encore l'eau courante et dont la rue n'était pas encore goudronnée. Nids de poule en pagaille dans un chemin de terre caillouteux à volonté.
Les journalistes professionnels de la rédaction d'Amiens saluèrent la qualité de ce premier papier. Je venais de m'inventer mon prochain métier.
© Jean-Louis Crimon