Amiens. Le Courrier Picard. 17 Juillet 1980. Page 8. © Jean-Louis Crimon
Souvent, c'est banal, le journal célèbre les gens célèbres. Moi, j'aimais bien célébrer les anonymes. Les seulement célèbres dans leur quartier. Coco-Rouquin était de ceux-là. Ses exploits sembleraient dérisoires aujourd'hui. Le brochet, les grenouilles, l'eau de la fontaine, menues fredaines. Je ne sais plus comment j'ai fait la connaissance de ses parents. Les jours de repos, pour échapper aux sujets imposés par l'actualité déjà écrite dans l'agenda du rédacteur en chef, je déambulais souvent sans but dans Montières ou Saint-Leu, les quartiers populaires, me répétant "le journaliste doit être une oreille, une oreille toujours à l'écoute". J'écoutais les battements du coeur de ma ville et le journal s'en portait plutôt bien.
Relisant aujourd'hui cette page consacrée à Coco-Rouquin, je me demande ce qu'a pu être sa vie. Ce qu'il est devenu comme homme. Comme être humain. 15 ans en 1980, il devrait avoir 55 ou 56 ans. Le fils du ramoneur a-t-il été ramoneur tout au long de sa vie de travailleur ? Ou bien a-t-il un beau jour changé de métier et de route ?
Réponse dans le vieux quartier Saint-Leu sans doute. Faudra que je m'y déroute.
© Jean-Louis Crimon