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20 août 2021 5 20 /08 /août /2021 08:57
Longtemps, je me suis levé de bonne heure. Philippe Caloni. Belfond. 1987. Le couvre-feu. Belfond. 1987.
Longtemps, je me suis levé de bonne heure. Philippe Caloni. Belfond. 1987. Le couvre-feu. Belfond. 1987.

Longtemps, je me suis levé de bonne heure. Philippe Caloni. Belfond. 1987. Le couvre-feu. Belfond. 1987.

"Longtemps, je me suis levé de bonne heure." Je sais, la phrase la plus célèbre de toute la littérature française, la première phrase de La Recherche, la première phrase de Du côté de chez Swann, ce n'est pas "Longtemps, je me suis levé de bonne heure", mais " Longtemps, je me suis couché de bonne heure". Même si, paradoxe, au moment même où il commence son récit, le narrateur a plutôt pris l'habitude de s'endormir beaucoup plus tard. Dès le premier volume de la Recherche, publié en 1913, Marcel Proust nous offre le récit de son enfance à Combray. Swann, Charles Swann, pour encrage. Swann, encrage et ancrage. Charles Swann à qui Proust reconnaît devoir beaucoup : "La matière de mon expérience, laquelle serait la matière de mon livre, me venait de Swann". La suite du récit nous fera découvrir un autre personnage tout aussi important pour Proust, Odette de Crécy. Pour les premières lignes sur une fameuse première phrase, j'arrête ici.

 

Si "Longtemps, je me suis levé de bonne heure" n'est pas de Proust, c'est parce que c'est de Caloni. Philippe Caloni. L'homme de la voix chaleureuse et fraternelle d'Inter-Matin, au début des années 80. La première d'Inter-Matin a eu lieu le 6 décembre 1982. La dernière, le vendredi 2 janvier 1987. Quatre années bien pleines d'une teneur et d'un ton, fait de profondeur et de légéreté, qui sont ce que France-Inter a su faire de mieux.

Je cosigne volontiers ces quelques lignes de la quatrième de couverture du livre paru chez Belfond, en novembre 1987 :

"Tour à tour colérique ou inquiète, paillarde ou tendre, truculente ou grave, émouvante ou incrédule, désinvolte ou nostalgique, cette mosaïque de choses vues, vécues et entendues constitue l'itinéraire intellectuel et affectif d'un virtuose de l'information." Belle définition de ce que fut le style radiophonique Caloni.

Caloni qui de l'incipit de la Recherche osa faire un titre, un titre détourné, son titre. Titre insolite ou insolent. Titre pertinent impertinent. Titre contre-pied. Titre contrepoint. Titre de gloire de tous ceux qui, un jour, — allez savoir pourquoi —, sont devenus les voix du matin et qu'à la radio, on désigne sous le nom de "matinaliers".  Ces travailleurs de la nuit qui oeuvrent  pendant que les autres dorment pour donner, chaque matin, les nouvelles du matin. Alors, sans pour autant dédaigner l'auteur de la Recherche, aujourd'hui, je veux vous inviter à redécouvrir Caloni. Trop tôt disparu. Philippe Caloni n'était pas seulement une voix, c'était aussi une écriture. Pour preuve, "Le couvre-feu", roman écrit à la fin de son service militaire, effectué pendant "les évènements d'Algérie" qu'on n'osait pas encore, à l'époque, appeler "La guerre d'Algérie".

 

© Jean-Louis Crimon

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