Le Manteau et autres nouvelles. Nicolas Gogol. 1843. Le Manteau et autres nouvelles. Traduction nouvelle de Tatiana Rouvenne. Ch. Grasset Editeur. Genève. 1948. © Jean-Louis Crimon
" Nous sommes tous nés du Manteau de Gogol." Je ne sais plus qui un jour m'a fait cadeau de cette phrase, après la lecture de mes nouvelles. Mes premiers écrits ne méritaient pas un tel hommage. Le Manteau, en russe Шинель, nouvelle fantastique publiée pour la première fois par Nicols Gogol, dans un recueil intitulé "Les Nouvelles de Pétersbourg", en 1843. Le Manteau dont on a dit qu'une traduction plus exacte serait plutôt La Capote, pardessus d'hiver porté par les fonctionnaires et les soldats russes. Dans ce recueil, Nicolas Gogol donne aussi à lire Le Nez, Le Portrait, et Les gentilshommes de l'ancien temps.
Le personnage principal du Manteau est un petit homme avec un début de calvitie, fonctionnaire pétersbourgeois, Akaki Akakiévitch Bachmatchkine. Son travail consiste à rédiger des copies d'actes, tâche qu'il met un point d'honneur à accomplir avec un soin extrême, malgré les moqueries et les humiliations. Un jour, il prend conscience que son manteau, vraiment trop usé, doit être remplacé. Il doit s'acheter un manteau neuf. Dans ce qui devient l'unique but de sa pauvre existence, il décide d'économiser, kopeck après kopeck, pour pouvoir acquérir, un jour, le manteau neuf. Bonheur intraduisible le jour où il l'endosse pour la première fois. Ses collègues organisent une fête pour célébrer l'événement. "Cette journée fut pour Akaki Akakiévitch pareille à une fête des plus solennelles. Il rentra à la maison complétement heureux, enleva son manteau et le pendit au mur avec précaution, ne pouvant se lasser d'en admirer le drap et la doublure. "
Après son repas, Akaki s'étend sur son lit, attend que la nuit tombe, puis décide soudain de s'habiller, de mettre son manteau neuf, et d'aller marcher en ville. " Akaki Akakiévitch regardait tout cela comme pour la première fois; il n'était plus sorti le soir depuis des années." Bien mal lui en prit, Akaki est victime d'une agression et on lui vole son manteau.
Pour la première fois de sa vie sans doute, Akaki Akakiévitch sent monter en lui un profond sentiment de révolte. Il décide de tout faire pour récupérer son bien. Entreprise qui va tourner au drame : Dans Pétersbourg, Akaki meurt de froid.
C'est le début d'événements inexpliqués. Un spectre effraie les passants dans différents quartiers de la ville, fantôme qui prend un malin plaisir à voler leurs manteaux.
© Jean-Louis Crimon