J'ai dû faire la connaissance de Jean Pédeboeuf chez Serge Helluin, Libraire Apiculteur de la rue Léon Blum, à Amiens. C'était au début des années 70, au temps de la licence de philo. Au temps où je butinais tous azimuts. Nous n'avons que trop peu parlé. A peine de littérature, jamais de poésie. C'est beaucoup plus tard que j'ai pu découvrir les poèmes de cet homme qui avait été Instituteur et surtout résistant.
24 pages pour réunir six poèmes de Jean. Les Croisades, c'est le titre de cette modeste plaquette publiée par l'Imprimerie Nouvelle d'Amiens. Le 23 janvier 1968.
Extraits :
"Ils sont allés à la Croisade
pour sauver leur idée de Dieu."
"Ils sont allés à la Croisade
avec leurs hardes et leurs gosses
sur des chariots,
entraînés par un beau parleur."
"Ils sont allés à la Croisade
tout pleins de foi,
tout pleins de joie,
avec dans leurs yeux clairs
de pauvres gens
l'enthousiasme."
...
"Il en est tant pour qui la vie
n'a été qu'un combat sanglant,
que l'on ne sait plus par moments
au milieu des oui et des non
trouver celui qui a raison ;
que l'on ne sait plus par moments,
si, soi-même, fatalement,
on n'ira pas tout bêtement
à la Croisade
n'importe où, n'importe comment...
... Et c'est ça le plus effrayant."
Jean Pédeboeuf a aussi publié au CRDP d'Amiens "Ma Picardie, croquis en prose", (Préface de Pierre Garnier), "Poussières d'histoire sur la Somme", "En Picardie méconnue" et aussi, à Eklitra, "Croix de fer en Picardie". Autant de traces modestes d'un poète méconnu qu'une postérité amnésique condamne à l'oubli. Aujourd'hui, moi qui l'ai si peu connu, je me souviens de lui.
© Jean-Louis Crimon