Eugène Dabit. Petit-Louis (Librairie Gallimard, 1930). L'Île, trois nouvelles : Les Compagnons de l'Andromède, Un matin de pêche, Les Deux Marie (Gallimard, 1934).© Jean-Louis Crimon
Né en 1898, à Mers-les-Bains, mort à Sébastopol, en 1936, Union Soviétique, pour ne pas dire Russie, Eugène Dabit a appartenu à ce courant aujourd'hui méconnu de la littérature française appelé littérature prolétarienne. Né à Mers-les-Bains, parce que ses parents voulaient que leur enfant naisse au bord de la mer et qu'ils y louaient chaque été un petit appartement, Dabit se veut d'abord artiste peintre, mais c'est dans l'écriture qu'il aura la reconnaissance qui ne viendra pas pour sa peinture. Pourtant, à la fin des années vingt, il expose au Salon des indépendants en belle compagnie : Modigliani, Soutine et Utrillo. Il admire aussi Maurice de Vlaminck dont il s'imprègne des atmosphères.
En 1923, ses parents font l'acquisition, au 102, quai de Jemmapes, au bord du canal Saint-Martin, de l'Hôtel du Nord. Ils en sont les gérants. Eugène Dabit, lui, y sera parfois garçon de café ou portier de nuit. Véritable université populaire pour celui qui n'est pas allé plus loin que le certicat d'études primaires.
Sans doute un des secrets du succès, dès sa parution, de son Hôtel du Nord, (Robert Denoël, 1929). Davantage qu'un simple roman, L'Hôtel du Nord est une succession de tranches de vies, de portraits de personnages fabuleux et d'anecdotes vraies. Eugène Dabit sera le premier lauréat du prix du Roman populiste, en 1931, et son roman sera, dans la langue de l'époque, "porté à l'écran", par Marcel Carné, en 1938, avec Louis Jouvet et Arletty. Gros plan sonore inévitable sur cette impayable réplique d'Arletty et cette gouaille inimitable : "Atmosphère, atmosphère, est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère... ? "
Plaisir à relire, ce matin, ce bel envoi de Dabit à Gaston Picard pour son deuxième roman publié, Petit-Louis (Librairie Gallimard, 1930) : "Voici le livre dont je vous avais parlé. L'aimerez-vous comme L'Hôtel du Nord. C'est une autre histoire et pourtant toujours ce même monde parisien que vous aimez ausi." Votre E. Dabit
© Jean-Louis Crimon