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1 août 2021 7 01 /08 /août /2021 09:00
Le livre à venir. Maurice Blanchot. Juin 1971. © Jean-Louis Crimon

Le livre à venir. Maurice Blanchot. Juin 1971. © Jean-Louis Crimon

C'est un livre de poche. Idées nrf. Volume double. N° 246. Acheté à Amiens, en novembre 1971, à la librairie Helluin, rue Léon Blum. Emporté dans mon sac à dos pour la Suède, en novembre 1973. Titre : Le livre à venir. Auteur : Maurice Blanchot. L'ouvrage est un recueil de petits essais publiés à partir de 1953 dans la NRF, sous le titre "Recherches". C'est Blanchot lui-même qui précise et qui souligne "petits essais". Petits essais, mais grandes questions. Grands auteurs aussi : Goethe, Malraux, Kafka, Valéry, Rilke, Nietzsche, Proust, et tant d'autres lus et relus avec les yeux, sinon le regard, de Blanchot. 

C'était il y a cinquante ans, mais je m'en souviens comme si c'était hier. La photo de couverture, — clin d'oeil manifeste au coup de dés de Mallarmé —, a été le déclencheur de mon achat. Le titre a conforté mon désir d'acquisition. "Le livre à venir". Pour l'étudiant en Philosophie que je suis, c'est un livre écrit pour moi. Absolue certitude au milieu de tous mes doutes : un jour, j'écrirai. Ce "livre à venir" est un signe du destin.

Relire aujourd'hui Blanchot et son "Livre à venir", un demi-siècle plus tard, peut sembler absurde ou dérisoire. Pourtant, page 9, l'ouverture sur le chant des Sirènes me fascine toujours autant. "Par leurs chants imparfaits qui n'étaient qu'un chant encore à venir, elles conduisaient le navigateur vers cet espace où chanter commencerait vraiment". Sans en avoir la claire conscience, avec mes 20 ans et un peu plus, je suis en quête, moi, de "cet espace où écrire commencerait vraiment".

Cinquante ans plus tard, après bien des tentatives, bien des détours, des enthousiasmes soudains et autant de renoncements, je n'ai pas encore trouvé. Je cherche toujours. Une poignée de doutes en moins. Une flopée de certitudes en trop. Une conviction profonde toujours : à tout jamais plus sensible à la musique verlainienne qu'au coup de dés Mallarméen.

Pour l'écriture, même en relisant, en parallèle à Blanchot, "Un coup de Dès jamais n'abolira le Hasard", je me sens toujours aussi... mal armé.

 

 

© Jean-Louis Crimon

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