Cher footballeur de papier,
Tu pensais que tu ne jouerai pas. Au téléphone, on t'avait dit : "C'est juste au cas où... On a invité un arbitre international, mais on ne sait pas s'il arrivera à temps, alors..."
- Ok, pas de problème, ça me va, s'il vient, ce sera le banc. Le banc des remplaçants. Des coiffeurs. L'arbitre n'est pas venu. Tu es entré en jeu. Dès le début.
La radio, - tu le sais d'expérience - c'est vif, c'est rapide, c'est dans l'instant. Avant, tu te dis " faut dire ça " et " faut raconter ça comme ça". Mais dès que le rouge s'allume, ça ne se passe jamais comme prévu. Tu n'as pas su bien traduire ton football/musique et ton Fontaine/Verlaine. Bien sûr, tu as donné l'esprit, l'ambiance, la "romance", mais pas vraiment bien présenté le roman.
Pas évident de se retrouver dans le rôle de l'interviewé quand on a passé sa vie à être l'intervieweur. Pas si simple de répondre simplement aux questions quand on été pendant plus de trente ans dans la peau de celui qui les pose. Emission en l'honneur de l'arrêt dans ta ville, Amiens, du train de l'Euro. L'Euro 2016. Le train dont le départ a été donné le 2 avril, Gare de Lyon, à Paris. Pour faire halte dans 25 villes jusqu'au 8 juin. Un train divisé en quatre voitures. Un thème particulier pour chaque voiture : le stade, les vestiaires, la fête et l'histoire du football.
A la radio, dans cette émission réalisée à l'entrée du quai, la séquence Littérature et Football t'a laissé sur ta faim. C'était trop court, trop rapise. Trop dans le survol. Un gros regret surtout : tu n'as pas eu le temps de rappeler ces mots fabuleux de Denis Troch, l'entraineur de l'ASC, juste avant la finale de la Coupe de France, au Stade de France, contre Strasbourg, en 2001, l'année de la parution de ton tant aimé Verlaine avant-centre : "Passez les ballons que vous aimeriez recevoir ! "
Une phrase reprise tout au long de ta vie, en la déclinant selon les moments, selon les instants, à commencer par : " Passez les idées que vous aimeriez recevoir ! " Sans oublier, bien sûr : " Passez les sourires que vous aimeriez recevoir ! "
© Jean-Louis Crimon