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29 juin 2021 2 29 /06 /juin /2021 09:57
Amiens. MCA. Essai de voix. 10 Oct. 1979. © Gilles Crimon

Amiens. MCA. Essai de voix. 10 Oct. 1979. © Gilles Crimon

Joan-Pau Verdier, Maison de la Culture d'Amiens. Milieu de l'après-midi, avant son concert du soir. Uher, comme magnéto, mais micro Sennheiser. Très tôt, j'ai compris que c'était le micro qui faisait la qualité du son enregistré. L'Uher 4000 était mon premier magnétophone. Essai de voix... Nom, prénom, profession.

Joan-Pau Verdier, pour moi, à tout jamais, l'une des grandes voix de la scène occitane des années 70 et 80. Dans l'autre siècle. Un siècle où les chanteurs avaient de la voix et surtout des idées pour porter la musique. Pas l'inverse. De l'Oc au Rock, Verdier chantait admirablement l'époque. Troubadour électrique venu saluer ses frères les trouvères. Sans déc, peu importe les mots ou les musiques, ce qui compte, c'est ce qu'on dit avec.

Rencontre chaleureuse et fraternelle. Questions au-delà de la classique interview. Questions qui surgissent dans la conversation. Entre deux frères. Un Troubadour et un Trouvère.

 

- Chanteur Oc ou Chanteur Rock ? 

- Ni l'un, ni l'autre. Je n'aime pas les étiquettes. Je suis ce que je sens, ce que je ressens. Je ne suis pas un chanteur Occitan et je ne suis pas chanteur Français pour autant. Je suis Occitan parce que je suis né en Occitanie un jour, et que je connais la langue. Je chante en occitan et je chante en français.

 

- L'affirmation des racines, mais sans barrières, sans frontières...

- Au départ, retrouver mes racines occitanes, c'était une manière de lutter contre la Culture française. La Culture avec un grand C majuscule, c'est à dire cette culture littéraire, universitaire, qu'on nous imprime à l'école, à l'université. C'était aussi une manière d'affirmer la langue occitane, et l'existence des langues et des cultures régionales. Aujourd'hui, que je chante en Oc, en français, ou que je fasse de la pop, c'est toujours une façon de rejeter la culture officielle et artificielle. Ne serait-ce que dans les mots que j'emploie, dans le langage. J'emploie autant d'argot, de franglais que d'occitan. Les mots se mêlent, se mélangent, et tout cela se construit à l'opposé de la culture officielle. Enfin de ce que l'on a voulu nous faire passer pour "La Culture" .

 

- Une belle manière de défendre la dimension politique du chanteur, au sens noble et premier du terme...

- Le plus important, c'est de faire évoluer les gens. Dans leur esprit, dans leur mentalité, plutôt que d'essayer de les embrigader dans des querelles de partis et de clochers politiques. Parce que je crois que le jour où les gens seront libérés, sexuellement, humainement, totalement, le reste viendra obligatoirement. On ne pourra plus alors supporter et accepter que ceux qui nous gouvernent, parlent à notre place. Les gens seront adultes. Ils pourront diriger eux-mêmes leur propre destin.Sans avoir le besoin de le confier à d'autres. C'est ça le plus important. Le chanteur est un tout petit moyen pour poser ces questions-là. 

 

Tout petit moyen mais, en ce temps-là, grands effets. C'est pour ça que j'ai cru, dès le début, à la supériorité inoxydable des poètes et des chanteurs. Au rôle primordial des artistes. Dans mon esprit, tous les autres rôles ne pouvaient être que secondaires.

 

© Jean-Louis Crimon

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