Palais de Fervaques. Saint-Quentin. Aisne. Picardie. Mois d'août. Une heure avant le spectacle. Graeme Allwrigth est à chaque fois déconcertant de gentillesse. Disponible. Partant pour toutes les conversations. Ouvert à toutes les questions. Que l'on parle de l'importance des mots, du texte, dans le choix de ses chansons, de sa façon d'être sur scène, souvent pieds nus, du bonheur d'être chanteur, du bonheur de vivre, d'être vivant, de la vie simplement et de la mort aussi, Graeme est toujours le même. Simple, direct, avec en prime un rien de méditation métaphysique profonde. Touchant et attachant. Un bel être humain vraiment humain.
"La mer est immense", "Henrik", "Qui a tué Davy Moore ?", "Petites boîtes", "Il faut que je m'en aille", "Dommage", ou encore "ça, je ne l'ai jamais vu", autant de titres, autant de chansons qui ont ponctué sinon les grands moments, de bien beaux instants de notre vie.
Extraits d'une jolie conversation magnétique d'il y a plus de quarante ans.
" Pour moi, la chanson, c'est beaucoup plus le texte. En dehors. de certaines chansons qui sont des chansons pour s'amuser, pour rigoler, et pour chanter ensemble aussi. Mais, pour moi, le texte est très important, ça conditionne ma façon de travailler, parce que la musique doit véhiculer le texte et le mettre en valeur. Bien sûr, le fait d'attacher beaucoup d'importance au texte, ça n'empêche pas de concevoir et de créer une mélodie agréable. Actuellement, je crois qu'on a perdu l'habitude d'écouter. On entend des musiques constamment, à longueur de journée et des chansons, il nous reste des bribes de paroles, des mélodies qui nous trottent dans la tête. On appelle ça des "tubes", des "scies", et c'est fait pour ça aussi... Mais la chanson, c'est - ou ça devrait être - autre chose. Autre chose que cet espèce de fond sonore qu'on écoute souvent en train de faire autre chose. La chanson mérite toute notre attention et puis c'est un moyen merveilleux pour s'adresser au plus grand nombre."
"De toute façon, je ne crois pas à la politque. Plus du tout. Je trouve que les hommes politiques sont des pantins, des pantins de l'Histoire. Ils font un spectacle qui amuse les gens, comme un match de foot, ça les distraie, ça fait partie des distractions. Bon, c'est vrai qu'il y a des hommes compétents, des hommes sincères certainement, mais ils ne voient pas, ils ont des oeillères, et ils n'ont pas de vrai programme pour l'homme. Ils ne voient pas plus loin que le bout de leur langue, ce qu'ils appellent la polémique."
Lucidité rare. D'une actualié sidérante. Les temps changent. Pas si sûr. Les temps n'ont pas tellement changé.
© Jean-Louis Crimon