Cette année-là, je présente le journal de 7 heures de France Culture. Ivan Levaï assure la revue de presse de France Musique. On se croise chaque matin. Ivan et sa revue de presse, j'adore. La voix, le ton, le style. L'homme. Chaleureux et fraternel. Inimitable dans sa façon de traduire en mots de radio les articles et les reportages de la presse écrite. Avec ce qu'il faut d'ironie, parfois, ou d'humour, souvent, pour parcourir les journaux du matin. Leur lot de malheurs du monde et de petits bonheurs des petites gens. A côté d'Ivan, je me sens tout petit. C'est lui qui m'a aidé à devenir un peu plus grand.
Je me souviens du jour où pour clore une discussion avec un confrère pointilleux, sur l'art et la manière de faire une revue de presse, j'ai détourné le slogan d'une célèbre moutarde pour affirmer à haute voix : "Il n'y a que Levaï qui m'aille."
Ivan ne l'a sans doute jamais su. Je ne me souviens pas le lui avoir dit. Peut-être que j'aurais dû.
© Jean-Louis Crimon