Cadeau matinal. Faussement banal. Trouvé dans l'herbe. Clin d'oeil superbe. Sublime et subliminal. Prends la plume. N'oublie pas d'écrire. J'ai ramassé la plume, l'ai plantée dans un vieil encrier, un encrier en verre avec un petit couvercle en bronze. Un encrier qui n'a pas vu la couleur de l'encre depuis longtemps. J'ai dit merci au peuple des oiseaux pour le cadeau.
Sans savoir vraiment à qui je devais pareil présent. Pas la mésange bleue. Pas sa cousine, la mésange charbonnière. Pas la pie bavarde. Pas le merle. Pas la grive musicienne. Pas le goéland, pas vu depuis longtemps. Pas le geai des chênes. Pas la fauvette des jardins. Pas le pinson des arbres. Ne fait pas la taille. Pas le vieux corbeau. Trop noir, trop grand, trop gros, pour un tel cadeau.
La plume est bordée d'un liseré blanc. Ouvrage délicat. Elle a des reflets gris clair dans le bas et vers le haut des accents plus foncés. Ce n'est pas la plume du Pouillot véloce. Trop petit pour une telle plume. J'ai trouvé. M'a pris du temps. Dû passer en revue tout le peuple des oiseaux qui se sont appropriés l'espace du jardin. Oublié l'étourneau. Oublié le moineau. Tête de moineau. Plume de moineau.
Prends la plume. N'oublie pas d'écrire.
© Jean-Louis Crimon