Il est arrivé un soir de juin, s'est posé sur le banc près du rosier, une minute à peine, avant de reprendre son vol en traversant le jardin dans l'autre sens. Un vol qui m'a semblé lourd et irrégulier. Ce n'est pas un familier du jardin, même si à plusieurs reprises, en octobre, il est venu se poser près du vieux lilas, pas très loin de la glycine mauve.
Il appartient aux rares espèces d'oiseaux qui savent "thésauriser", c'est à dire qui stockent de la nourriture, glands, faines, pour l'hiver et le printemps. Une tâche qu'il mène à bien tout au long de l'année, même si c'est en automne qu'il y consacre le plus clair de son temps. Les réserves qu'il se constitue de cette façon, il les dissimule sous des racines, des mousses, à l'intérieur de souches d'arbres ou sous un tapis de feuilles mortes. Pour retrouver ses réserves, il mémorise des points de repères et s'il estime que ce n'est pas suffisant, il peut placer des petits cailloux à côté de sa cachette. Problème : quand ses points de repères disparaissent, le Geai des chênes est incapable de retrouver la cachette de ses réserves. Les glands enterrés vont alors germer et donner naissance à une plantule apte à devenir un nouvel arbre.
On estime qu'un seul Geai des arbres est capable d'enfouir chaque année plus de 4.000 glands, ce qui fait de lui le premier reboiseur européen de chênes et de hêtres.
© Jean-Louis Crimon