Il est chez lui. En toute liberté. Trouve étonnnant que moi je sois en cage. Le jardin est à lui. Rien qu'à lui. Je n'en suis qu'un usager passager. D'en être le Roi il se targue et chaque matin il me nargue.
- Ben oui, quoi, toi, l'humain, qui fait le malin, derrière la grande baie vitrée de ta véranda, tu n'entends pas ce que te chante ton ami rouge-gorge, tu ne te rends pas compte de la réalité de ta situation. C'est toi qui est en cage et moi en toute liberté.
Bien sûr, personne ne va me croire. Pourtant, c'est vrai. Le rouge-gorge me parle. Chaque matin. Me parle avec les yeux. C'est déroutant. Au début surtout. Un tel regard. Une telle profondeur. Tant de malice. Ses derniers mots, ce matin, c'était débordant d'humour, avant de se tirer, à tire-d'aile...
- Allez, va, toi, l'humain, si j'osais, je te donnerai bien l'idée, une idée de volatile pas volatile du tout, écris tout ça. Prends la plume...
© Jean-Louis Crimon