Tu te souviens de ce soir de décembre
RER B Station Saint-Michel
Rictus vient s’asseoir devant toi
Rictus dessiné par Steinlen
Il te fait face cheveux hirsutes
Regard hagard dans le train du soir
Après avoir arpenté l’allée du train deux fois
Dévisagé un à un le visage de chacun
Il t’a choisi, toi
Vous ne vous parlez pas
Vous ne prononcez aucun mot
Juste un regard qui en dit long
Tu penses tout bas mais très fort
Je sais qui vous êtes mais je ne dirai rien
Le poète populaire
Randon de votre vrai nom
Rendons à Randon ce qui est à Rictus
Rendons à Rictus ce qui est à Randon
Gabriel Randon, Rictus, Jehan Rictus
Il a raison celui qui chante « Longtemps, longtemps, après que les poètes ont disparu,
leurs chansons courent encore dans les rues… »
R E R
Rictus Est Rictus
Rictus Est Randon
Randon Est Rictus
Je venais d’acheter « Le Cœur populaire » chez un bouquiniste du quai de la Tournelle.
Poèmes, Ballades, Plaintes et complaintes.
S’il est permis, une fois ou deux, dans la vie, de croire aux signes, sûr, ce soir-là, c’était un signe.
L’Ange Gabriel venu annoncer l’enfantement d’un poète. Sa naissance. Ou son retour.
Jehan Rictus et ses Soliloques du pauvre.
« Tout d’même, si qu’y r’viendrait… »
© Jean-Louis Crimon