Si tu savais, Jean-Arthur, comme les temps sont durs. Je sais bien, très vite et pour toujours, tu as tourné la page du monde des mots. Tu as choisi le négoce, le commerce. L'homme aux semelles de vent s'est fait commerçant. On a tant écrit sur toi et sur cette oeuvre fulgurante que tu laissas, presque avec dédain, derrière toi. Sans jamais vouloir te retourner sur cette partie de ta vie. La seule pourtant qui nous console encore aujourd'hui. Que tu te sois fait trafiquant d'armes pour Ménélik, pourvoyeur de fusils, n'est pas, pour nous, le plus important dans ton passage terrestre.
Harar ou Errare. Errare humanum est, perseverare diabolicum. Tu étais excellent latiniste.
Ici, aujourd'hui, ils persistent dans leur volonté de maintenir fermées les librairies. "Commerces non essentiels" !
Comme si le poème était soudain devenu... non essentiel.
© Jean-Louis Crimon