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12 novembre 2020 4 12 /11 /novembre /2020 22:00
Paris. Mini Festin. Sept. 2009. © Marie-Christine Ferdinand.

Paris. Mini Festin. Sept. 2009. © Marie-Christine Ferdinand.

En ces temps où nos Gouvernants prétendent que les librairies appartiennent au monde superflu des "Commerces non essentiels", je vous invite à rêver sur une partie de ma vraie famille. Famille qui n'aurait jamais été mienne sans les libraires. Libraires en dur ou libraires de plein air, bouquinistes des bords de Seine ou de Somme.

Dans ma bibliothèque, il y a Roland Dorgelès, Blaise Cendrars, Pierre Mac-Orlan, André Billy, Aragon et Paul Eluard, il y a Elsa Triolet, Simone de Beauvoir, il y a Emmanuel Bove et Boris Vian, il y a Olivier Séchan, il y a Knut Hamsun, Per Lägerkvist, Selma Lagerlöff et Brautigan, Richard Brautigan, et Jack Kerouac, il y a Alberto Moravia, Elsa Morante, Dino Buzzati et Erri de Luca, il y a Jean Rouaud, Philippe Djian, Philippe Claudel, Philippe Delerm, et Jeanne Benameur. Il y a Friedrich Nietzsche, Vladimir Jankélévitch, Voltaire et Rousseau, Gaston Bachelard et Sören Kierkegaard.

Dans ma bibliothèque, il y a Rutebeuf et Villon, François de son prénom, il y a Louise Labé, Ronsard, Balzac, Verlaine, Rimbaud, Baudelaire, Flaubert, Maupassant, Louise Colet, Marcel Proust, Paul Nizan, Albert Camus, Sartre, Queneau et Modiano, mais aussi Jules Vallès, Jehan Rictus, Luc Dietrich, Henry Poulaille, Jean Meckert, Neel Doff, Eugène Dabit et Stig Dagerman. Stig Dagerman, pour L'enfant brûlé et Le Serpent , et puis aussi pour Dieu rend visite à Newton, Les Wagons rouges et Le froid de la Saint-Jean, mais surtout pour Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, (Actes Sud, 1981), et ce passage de la page 18 que je relis chaque matin et chaque soir de ma déjà longue vie:

"Je peux reconnaître que la mer et le vent ne manqueront pas de me survivre et que l'éternité se soucie peu de moi. Mais qui me demande de me soucier de l'éternité ? Ma vie n'est courte que si je la place sur le billot du temps. Les possibilités de ma vie ne sont limitées que si je compte le nombre de mots ou le nombre de livres auxquels j'aurai le temps de donner le jour avant de mourir. Mais qui me demande de compter ? Le temps n'est pas l'étalon qui convient à la vie."

 

Dagerman, frère Suédois qui ne saura jamais tout ce que je lui dois. 

 

© Jean-Louis Crimon

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