Au temps des bons amis, on se retrouvait le matin de chaque samedi, pour un Café Philo, pas vraiment café, pas vraiment philo. L'actu, surtout l'actu qui tue, s'imposait vite à table. Les compères, pas vraiment complices, s'empoignaient très vite à coup d'arguments plus ou moins déments. Y'avait celui qui affirmait haut et fort que la guerre d'Ukraine ne durerait pas trois semaines, surtout avec les sanctions européennes, y'avait celui qui, pour combattre le coronavirus, ne jurait mordicus que par le Père Diafoirus et sa chloroquine, rêvant d'un Didier Raoult Prix Nobel de Médecine, y'avait celui qui critiquait les journaleux, les baveux, journalistes des radios et des télés en continu, celui qui incendiait les gilets jaunes, les reportages en boucle et les images non stop, à la fin c'est moi qui ai dit stop. Le journaliste n'est pas l'historien du présent, il n'est que le miroir de l'instant. Même si, entre "réfléchir" et "réfléchir", - à la réflexion - je préfère de loin le "réfléchir" qui conjugue le temps de la réflexion à la simple transmission des images de l'instant. Jamais le commentaire "à chaud" ne dispensera de la véritable analyse et de la vraie réflexion. L'Hebdo ou le Mensuel, supérieurs à jamais dans leur version papier. Dans mon credo intérieur, je confesse une croyance inoxydable en la supériorité de la presse écrite.
© Jean-Louis Crimon