Les soirs de juin,
au fond du jardin,
quand l'été est sec,
mon père écoute
pousser ses pommes de terre.
On peut,
c'est vrai,
les entendre,
si l'on sait s'y prendre,
si l'on sait avoir l'oreille.
La terre, gentille,
se fendille,
et craque sous la douce pression
des tubercules qui grossissent,
et les fanes, bien sûr, applaudissent !
Avez-vous jamais entendu les fanes applaudir
les tubercules qui s'épanouissent ?
Car les pommes de terre,
comme les chanteurs célèbres,
ont des fanes !
Je sais, ça ne s'écrit pas pareil
que les fans des chanteurs,
mais ça sonne pareil à l'oreille,
et moi, je suis fan des fanes
de pommes de terre,
quand mon père, planté bien droit
au milieu des routes
me dit : fiston écoute...
Alors il siffle l'air,
extraordinaire,
de la chanson des pommes de terre,
qui poussent, qui poussent,
et qui grossissent,
et les fanes applaudissent !
© Jean-Louis Crimon
(Eloge de la pomme de terre)