Sûr que j'aurais dû la dessiner, ma ville ! Ne pas laisser ça à des ingénieurs sans génie, des incapables qui oublient les pistes cyclables. Qui ne comprennent pas qu'aujourd'hui, l'espace urbain, ça se partage. Que le Bus Roi et la voiture Reine n'ont aucun droit pour réduire à néant l'existence de la petite reine. Amiens à contre-sens. Amiens en marche arrière. Amiens en impasse.
Complètement à contre-courant. Du temps et des décisions du Gouvernement qui dévoile aujourd'hui-même, à Angers, son "plan vélo". 20 mesures pour développer "massivement" l'usage du vélo sur les trajets domicile-travail des Français.
Question : comment développer massivement l'usage du vélo à Amiens quand l'exécutif local, - à part pour fanfaronner sur le podium d'une arrivée d'étape du Tour de France, ou le jour du Prix Jean Renaux -, méprise à ce point les cyclistes qui n'ont manifestement, dans cette cité, pas droit de cité !
Le Premier ministre, Edouard Philippe, a beau réaffirmer la volonté de l'exécutif de "développer très vite l'utilisation du vélo", Amiens n'en fera rien. Continuera d'ignorer la volonté gouvernementale d'essayer de rattraper des pays à la météo souvent moins clémente comme les Pays-Bas, le Danemark ou la Suède, où le vélo représente près de 30 % des modes de déplacement.
Pourtant, pour que ce soit bien clair, le chef du gouvernement insiste : "Notre objectif est de passer de 3 % à 9 % d'ici à 2024. Pour respecter la qualité de vie, pour être à la hauteur des enjeux de la transition écologique, pour des questions de santé, développer l'utilisation du vélo - pas forcer mais encourager l'utilisation du vélo - c'est prioritaire".
Dans ma ville, tout se passe comme si, au lieu d'encourager le vélo, on cherchait surtout à décourager le cycliste. A dissuader. A empêcher. Dans ma ville, les élus pédalent à côté du vélo. On se demande si jamais, un jour, ils seront capables de passer le grand braquet.
Pourtant, parmi les mesures prévues par le gouvernement, devrait les motiver la création d'un fonds destiné à cofinancer avec les collectivités locales des infrastructures pour assurer la continuité des pistes cyclables, telles que des ponts ou des tunnels au niveau de rocades ou d'échangeurs autoroutiers. Ce fonds sera doté de 350 millions d'euros sur sept ans, soit 50 millions d'euros par an.
Autre mesure, la création d'une indemnité vélo prise en charge par l'entreprise. Ce forfait annuel pourra aller jusqu'à 400 euros par an. Il sera obligatoire dans la fonction publique à partir de 2020, mais d'un montant de 200 euros annuel. Il restera facultatif dans le secteur privé. Ce forfait annuel se substituera à l'indemnité kilométrique, jugée trop compliquée par Matignon.
© Jean-Louis Crimon