Parfois, tu te dis que tout ça ne sert à rien. A quoi bon aller expliquer "pourquoi tu écris" à des lecteurs ou des lectrices, - surtout des lectrices-, qui croient que tu racontes simplement ce que tu as vécu ? A quoi bon t'évertuer à leur montrer "comment et pourquoi" tu ne racontes pas ta vie, mais la leur ? Pourquoi un roman, même avec un narrateur qui s'exprime à la première personne du singulier, ce n'est pas une autobiographie, un journal intime, ou un simple récit de vie. Dans le patchwork de ton enfance, tu choisis des morceaux, des instants, des sons, des images, et tu recomposes une existence. Du singulier au pluriel de l'universel.
Tu te souviens de la terrible réaction de ta mère après la lecture de "Verlaine avant-centre", ton premier roman : Tu n'es pas un écrivain, mon fils, tu es un menteur, ce n'est pas la vie qui a été la nôtre que tu racontes, ça n'a pas été aussi beau que tu le dis !
Un jour, elle a remis ça : J'suis sûr que tu en écris un autre, mais celui-là, j'espère que tu me le montreras avant qu'il ne soit publié, parce que moi, je le corrigerai !
Une sacrée détermination, la mamma, n'est-ce pas !